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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 05:29

 

Chers ami(e)s,

Avec la permission de mon ami Bruno Pilorget, l’un des trois auteurs du magnifique « carnet de voyage » Salaam Palestine ! je vous invite à découvrir le texte d’un jeune Palestinien francophone de 14 ans, Jamal Abu Eisheh.

Ce slam m’arrache des larmes quand je le lis.

Dông Phong

 

 

D’où Je Viens

Le Slam de Jamal

 

Tu te demandes d’où je viens...

La Palestine, et sérieusement j’en suis fier...

J’viens de là où tout le monde pense

qu’on fabrique des kamikazes avec des cœurs de pierre.

 

Mais c’est pas vrai, tout ça, sérieux, j’te jure.

C’est PPDA et ses collègues à la télé qui sont trop durs.

Si j’en suis si fier c’est qu’elle a un passé glorieux,

Qui a bien mérité la liberté, ça se voit, ça crève même les yeux.

Mais en ce moment c’est le présent et tout nous tombe dessus, même les cieux

Mais moi je l’aimerai, la défendrai jusqu’au bout, car la Palestine j’en suis amoureux.

 

Mais quand je dis que tout nous tombe dessus, c’est pas vrai c’est qu’une image.

La vie en Palestine n’est pas si mal j’peux t’en donner le témoignage

Comme pendant Ramadan l’ambiance de fête et les invitations,

Toutes ces petites flâneries dans la rue entre potes et toutes ces discussions.

 

Moi...la Palestine m’a appris à être fier et à dire « je suis...»

Et c’est pour ça que je considère que c’est bien plus qu’un pays

Bien plus qu’un pays, qui m’a aidé, qui m’a construit.

La Palestine est super alors avant d’la juger, réfléchis !

Si tu viens tu découvriras carrément un nouvel empire.

Tu peux venir, t’en fais pas, c’est quand même pas le pire.

Même si la Palestine est au point mort depuis qu’Arafat est mort

Et qu’on le regrette encore et encore...

Un jour la Palestine a dit à Israël : marche doucement car tu marches sur mes rêves

Mais Israël a répondu : je m’en fous...crève ! et elle a décidé que la paix ferait grève

Mais, Palestine, n’aie pas peur, car on est avec toi et on te remercie mille fois...

de nous avoir offert un toit.

 

 

(Extrait de Salaam Palestine ! [Carnet de voyage] en Terre d’Humanité, Texte Véronique Massenot – Dessins Bruno Pilorget – Photos Marc Abel, Éd. La boîte à bulles, 2013, 232 p.)

 

 

 

 

D'un jeune slameur palestinien
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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 05:59

 

 

 

La neige a fondu

sur une épaule

du Grand Bouddha

 

Shiki (1867-1902)

 

 

Le « Nouvel an lunaire du Serpent» a eu lieu le 10 février dernier.

Mais dans le calendrier lunaire chinois, utilisé aussi au Japon (et au Viêt Nam), le printemps a déjà commencé depuis le 3 février.

Et la neige qui fond, comme dans ce haïku « de saison » de Shiki, signe le retour du printemps.

Dông Phong


  

 

 

Sources :

Le haïku de Shiki provient du recueil de Roger Munier, HAÏKUS, Anthologie (1978), Réédité par Fayard en 2006, p. 36.

La photo du grand bouddha de Nara, le plus grand du monde, a été copiée de http://www.linternaute.com/voyage/asie/photo/un-automne-au-japon/le-grand-bouddha-de-nara.shtml

 

Article déjà publié sur Fulgurance le 9.2.2013 : http://haikouest.wordpress.com/2013/02/09/haiku-du-coeur-n29/

 


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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 05:52

 

HAÏKU DU CŒUR N°24

 

 

 

 

 

 

Sous les arbres l’été

Près du kotatsu* les nuits de givre

Me séparer ne peux

Du corps de mon amant

 

« Le saké, la lune et l’amour, cette trilogie de l’ivresse plonge au plus profond de l’émotion amoureuse japonaise », et ils sont chantés dans les « dodoitsu »** traduits par Alain Kervern :

« Le genre du dodoitsu est né à Edo***, dans les années 1830. Composé dans l’esprit des ballades populaires, il est un témoin satirique et plein de verve des scènes de la vie du temps, sur un rythme de 26 syllabes »****.

Même sans saké, ces ballades d’auteurs anonymes m’ont enivré à travers le recueil d’Alain Kervern, un des maîtres français de la culture japonaise. Ce ne sont pas à proprement parler des haïku, mais je voudrais vous les partager, car j’ai horreur de … boire seul !

Yec’hed mad ! Kampaï !

Dông Phong

 

 

* Petite table sous laquelle les Japonais déposent un réchaud.

**  : si je ne me trompe pas, ces trois sinogrammes signifient littéralement « divertissement nocturne à la capitale » (đô tịch dật, en vietnamien).

*** Ancien nom de Tokyo.

**** Alain Kervern, Le saké, la lune et l’amour, Éd. La Part Commune, 2005, 121 p.

 

Article déjà publié sur Fulgurance le 12.1.2013 : http://haikouest.wordpress.com/2013/01/12/haiku-du-coeur-n24/#respond

 


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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 06:05

 

 

Le mince trou

fait en pissant

dans la neige devant la porte

 

Issa (一茶 , 1763-1828)

 

 

C'est un haÏku de Nouvelle Année, fort distrayant d’Issa, le maître japonais qui a écrit environ 20 000 haïku.

Mais beaucoup de mes amis ont été choqués par ce tercet. D’autres, plus rares, se sont esclaffés en le lisant.

Ce sont ces derniers qui ont raison.

En effet, haïku s’écrit en japonais avec ces deux sinogrammes 俳句, qui ornent la première page des versions papier de En un éclat, La Lettre de Haïkouest (je ne sais pas si La Lettre sur papier existe toujours).

signifie comédie, divertissement, et phrase, vers.

Par ailleurs, en analyse graphologique, le caractère est composé de = homme, et de  = incorrect.

Et « selon Shiki, les haïkus de Issa se distinguent par le comique (comédie de situation), la satire (moquerie des guerriers et des moines dépravés), et la compassion (empathie bouddhiste pour le faible et tout ce qui vit) ».

D’autre part, le nom de plume de notre auteur Issa一茶 signifie littéralement  « Un thé ». Il a dû briller avec ses haïku dans les maisons de thé où les Japonais cultivés – et fortunés - se divertissent en compagnie « raffinée » de geisha, qui sont, contrairement à ce que l’on croit souvent en Occident, des dames fort respectables, pas toujours très jeunes, mais bien versées en musique et en poésie.

Dông Phong

 

 

 

Geisha par Kitagawa Utamaro (1753-1806)

  

Sources :

Le haïku d’Issa provient du recueil de Roger Munier, HAÏKUS, Anthologie (1978), Réédité par Fayard en 2006, p. 227.

La biographie d’Issa est de http://fr.wikipedia.org/wiki/Kobayashi_Issa

La geisha d’Utamaro est de http://fr.wikipedia.org/wiki/Geisha

 

D'après l'article déjà publié sur Fulgurance le 5.1.2013 : http://haikouest.wordpress.com/2013/01/05/haiku-du-coeur-n21/

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 06:20

 

HAÏKU DU CŒUR N°17

 

務民之義

鬼 

而遠之

(Confucius, Entretiens, VI, 20)

 

Transcription en vietnamien romanisé :

 

Vụ dân chi nghĩa

Kính quỷ thần

Nhi viễn chi

 

Traduction :

 

Remplis tes devoirs d’homme

Respecte les dieux et les esprits

Mais tiens-toi à distance

 

 

Il est courant de lire dans la littérature occidentale que les trois religions de « l’Asie jaune » (Chine, Corée, Japon, Viêt Nam) sont le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme.

Mais c’est une mauvaise interprétation de l’expression chinoise 三敎 (san jiao) qui signifie en fait trois doctrines, car pour dire religion il faut préciser 尊敎 (zun jiao).

C’est dans cette compréhension erronée que les premiers missionnaires jésuites des XVI-XVIIèmes siècles ont qualifié le confucianisme de religion à côté du taoïsme et du bouddhisme qui, eux, sont de vraies religions avec leur panthéon et leurs rites.

Au contraire, le confucianisme, tout comme la philosophie politique de Platon, est un enseignement de morale laïque. Et le célèbre aphorisme de Confucius cité ci-dessus est là pour nous le rappeler : les confucéens doivent privilégier leur raison, leur substance intellectuelle, contre toute croyance non rationnelle.

Dans cet esprit, Confucius prônait un programme original d’éducation individuelle et citoyenne qui, à l’origine, était destiné aux princes, et ensuite largement propagé dans le peuple : « D’abord je me perfectionne ; instruit, je gérerai ma famille ; ma famille gérée, je conduirai l’État ; l’État bien gouverné, je pacifierai le monde ». Ainsi, tous les étudiants chinois et vietnamiens aspiraient à réussir leurs « concours triennaux de lettrés » qui ouvraient la voie au mandarinat, c’est-à-dire à la Fonction Publique. Et cette ardeur aux études, comme « ascenseur social », perdure jusqu’à maintenant.

À la décharge des premiers missionnaires, leur erreur d’interprétation provenait de l’existence des Temples de la littérature qu’on voit encore aujourd’hui dans de nombreuses cités en Chine et au Viêt Nam. On y honore Confucius entouré de ses disciples, non pas comme un dieu avec ses saints, mais en tant que le maître fondateur d’un métier, dans le cadre du culte (laïc) des ancêtres.

 

Enfin, chers ami(e)s, je vous souhaite un Joyeux Noël, tout en espérant que je ne vous ai pas trop ennuyé(e)s avec mes « chinoiseries » !

Dông Phong

 

 

 

Temple de la littérature de Diên Khánh,

près de Nha Trang (Centre Viêt Nam)

(Photo de DP)

 

 

Source :

Séraphin Couvreur, S.J., Les quatre Livres de Confucius (original de 1895), réédition de Kuangchi Press, Taichung, Taiwan, 1972, 748 p.

 

Article déjà publié sur Fulgurance le 22.12.2012 : http://haikouest.wordpress.com/2012/12/22/haiku-du-coeur-n17/

 


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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 07:30

 

 

 

Solitude hivernale –

il est une chose

que j’aimerais demander à Çakyamuni*

 

Shiki (1867-1902)

 

*Çakyamuni est le nom de naissance du Bouddha historique.

 

 

Le Japonais Shiki (子規), bien que laïc tout comme le Vietnamien Lưu Đức Trung dans le coup de cœur N° 13, nous rappelle que le bouddhisme est aussi omniprésent en Extrême-Orient.

Cette religion fut propagée au Japon au VIème siècle par le moine indien Bodhidharma, le fondateur de l’école zen que les Japonais appellent Daruma et représentent sous forme de figurines votives très populaires.

 

 

Shiki mourut à l’âge de 36 ans, après une longue tuberculose qui avait occupé « l’essentiel de sa vie ». Malgré son état de santé, il menait une vie « normale » de journaliste et nous a légué environ 25 000 haïku qui l’ont consacré comme « le père du haïku moderne ».

Dans ce haïku, il interrogea le Bouddha (ou s’interrogea en méditation solitaire ?), tel un vieil homme (hiver=vieillesse), à propos de l’enseignement du Maître concernant le cycle inéluctable d’une vie humaine : naissance, vieillesse, maladie, mort. Mais reçut-il une réponse dans sa « solitude hivernale » minée par sa maladie ? Chi lo sa ?

 

Dông Phong

 

 

Figurines-de-Daruma.jpg 

 

Figurines de Daruma

 

 

Sources :

Le haïku de Shiki provient du recueil de Roger Munier, HAÏKUS, Anthologie (1978), Réédité par Fayard en 2006, p. 212.

Pour une courte biographie de Shiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Masaoka_Shiki

La photo des Daruma est de http://fr.wikipedia.org/wiki/Daruma

 

Article déjà publié sur Fulgurance le 16 décembre 2012 http://haikouest.wordpress.com/2012/12/15/haiku-du-coeur-n16/

 


 

 

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 06:45

 

 

Les armes sont des instruments de malheur 

ce ne sont point les instruments du sage.

Tao Te Jing, I.31

 

Cet aphorisme est extrait d’un verset du Tao Te Jing, le Livre de la Voie et de la Vertu, attribué à Lao Tseu (milieu du Ve siècle av. J.-C. – milieu du IVe siècle av. J.-C.), le fondateur du taoïsme.

On y lit aussi :

« Les princes s'habillent de riches étoffes ; ils portent un glaive tranchant ; ils se rassasient de mets exquis ; ils regorgent de richesses.

C'est ce qu'on appelle se glorifier du vol ; ce n'est point pratiquer le Tao », II.53.

Ces principes me paraissent bien éloignés du shintoïsme, la religion d’État qui glorifie l’empereur du Japon et ses guerriers.

Ainsi, à travers ses haïkus si détachés du monde, je trouve que le moine Matsuo Bashô serait plus taoïste que shintoïste*, et qu’il correspondait bien en outre à cet autre aphorisme du Tao Te Jing : « L'absence de désirs procure la quiétude », I.37.

Mais je vais me taire, car :

« L'homme qui connaît le Tao ne parle pas, celui qui parle ne le connaît pas.

Il clôt sa bouche, il ferme ses oreilles et ses yeux, il émousse son activité, il se dégage de tous liens, il tempère sa lumière intérieure, il s'assimile au vulgaire. On peut dire qu'il ressemble au Tao.

Il est inaccessible à la faveur comme à la disgrâce, au profit comme au détriment, aux honneurs comme à l'ignominie.

C'est pourquoi il est l'homme le plus honorable de l'univers », Tao Te Jing, II.56.

Dông Phong

 

* Question posée dans le Haïku du cœur N°8.

 

Source : Le Tao Te Jing ou Dao De Jing est entièrement traduit sur ce site http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Daodejing&lang=fr

 

Article publié sur Fulgurance le 1er décembre 2012 http://haikouest.wordpress.com/2012/12/01/haiku-du-coeur-n-11/

 

 

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 06:33

 

 

oki yo oki yo

waga tomo ni sen

neru kochô

 

réveille-toi réveille-toi

et deviens mon compagnon

papillon qui dort

 

Matsuo Bashô (1644-1694)

 

 

J’ai noté ce haïku de Bashô il y a quelque temps déjà, mais je suis vraiment désolé de ne pas avoir retenu le nom du traducteur ni la référence de sa source.

Bashô a souvent écrit des haïkus sur le papillon, mais je trouve que celui-ci le rapproche particulièrement du taoïste chinois Tchouang Tseu (IVème siècle av. J-C), qui avait rêvé d’être un papillon blanc et qui, au réveil, se demandait s’il n’était pas un papillon qui rêvait d’être Tchouang Tseu.

Alors, Bashô, qui a été moine à la fin de sa vie, était-il shintoïste ou taoïste ?

Votre avis, s’il vous plaît ?

Dông Phong

 

 

Publié sur Fulgurance le 24.11.2012 :

http://haikouest.wordpress.com/2012/11/24/haiku-du-coeur-n-8/#comments

 

 

 

 

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 05:35

 

 

Un quatrain de Wei Chen Kang (韋承慶, ou Vi Thừa Khánh en vietnamien), un « petit maître » de l'époque Tang du VIIIème siècle.

 

 

En chinois :

 

南行別弟

 

澹澹長江水

悠悠遠客情

落花相與恨

到地一無聲

 

En vietnamien :

 

Nam hành bit đ

 

Đm đm trường giang thy,

Du du vin khách tình,

Lc hoa tương gi hn

Đáo đa nht vô thinh.

 

 

Traduction par Đông Phong :

 

En partant vers le Sud, dire adieu au petit frère

 

Douce, douce, coule la longue rivière,

Long, long, l’étranger égrène son ennui,

Une fleur égarée partage la même colère

Et tombe au sol sans un bruit.

 

 

(Extrait de Dông Phong, Des poètes de ma terre lointaine, Publibook, 2008)

 

 

 

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 08:33
 

 

 

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Chers ami(e)s,

Je suis heureux de vous présenter le dernier recueil de haïkus de la grande poétesse québécoise Diane Descôteaux*, avec des traductions en créole par Elsie Surena :

 

Haïti pour toujours

Ayiti pou toutan

Éditions Choucoune

Port-au-Prince, Haïti

ISBN Canada : 2 9802156 3 5

Pour commander : info@dianedescoteaux.com

                                

J’espère que vous trouverez autant de plaisir que moi à déguster ces haïkus à la fois poignants et pleins d’esprit.

Dông Phong

 

* Voir la présentation de Diane Descôteaux sur http://terrelointaine.over-blog.fr/article-27041092.html

 

 

 

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