Introduction. Tout le monde a entendu parler des estampes japonaises ou des romans érotiques chinois, mais en
dehors du Viêt Nam bien peu de gens connaissent les poèmes coquins de Madame Hồ Xuân Hương (Parfum Printanier de la famille Hồ). À vrai dire nous ne savons presque rien de la poétesse : nous
avons seulement appris qu’elle vivait à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle dans la région de Hanoi ; qu’elle était mariée deux fois à des notables, non pas comme
épouse principale mais comme concubine ; qu’elle avait beaucoup voyagé… Elle nous a légué une soixantaine de poèmes décrivant des situations ou des choses bien banales à première vue. Mais il
faut les lire avec un peu d’imagination : en réalité ils vantent les jeux de l’amour ou les attributs sexuels de la femme (parfois de l’homme aussi). Et ces poèmes subtilement équivoques
étaient surtout des cris de révolte d’une femme exceptionnelle contre l’establishment de son époque (mandarins, notables, clergé bouddhiste…). Dông Phong.
Hồ Xuân Hương
Cái quạt
Mười bảy hay là mười tám đây,
Cho ta yêu dấu chẳng rời tay.
Mỏng dầy chừng ấy, chành ba góc,
Rộng hẹp đường nào cắm một cay.
Càng nóng bao nhiêu thời càng mát,
Yêu đêm chưa phỉ lại yêu ngày.
Hồng hồng má phấn duyên vì cậy,
Chúa dấu vua yêu một cái này.
Traduction par Dông Phong :
L’éventail
Son nombre de dix sept ou dix huit1
Le fait aimer et les mains ne le quittent plus.
Mince ou épais, il s’évase toujours en triangle,
Large ou étroit, le tenon s’y étrangle.
Plus il fait chaud, plus il offre de la fraîcheur,
On l’aime la nuit, et de jour encore plus d’ailleurs.
Rose ou poudré, son sort dépend de sa glu2,
Mais les princes le couvrent, et les rois l’adorent, ce petit truc.
1 : Est-ce le nombre des lattes de l’éventail ou l’âge d’une jeune femme ?
2 : L’éventail est formé de papier plissé fixé sur des lattes avec une colle végétale.