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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 05:08
Nguyễn Bính 12 (dernier texte de cette série)

 

Voir la présentation de Nguyễn Bính publiée ici le 11.11.2010  

 

Tỉnh giấc chiêm bao

 

                 Nguyễn Bính

 

Chín năm đốt đuốc soi rừng,
Về đây ánh điện ngập ngừng bước chân.
Cửa xưa mành trúc còn ngân,
Góc tường vẫn đọng trăng xuân thưở nào.
Làng xa, bản nhỏ, đèo cao,
Gió bay tà áo chiêm bao giữa chừng.
Anh về luyến núi thương rừng,
Nhớ em đêm sáng một vùng thủ đô.
Bồi hồi chuyện cũ năm xưa,
Gặp nhau lần cuối ... trang thư nhạt nhoà.
Thư rằng: "Thôi nhé đôi ta
Tình sao không phụ mà ra phụ tình.
Duyên nhau đạ dựng trường đình,
Mẹ em đã xé tan tành gối thêu ..."
Trăng khuya sáng núi gương đèo,
Anh đi, thư vẫn nằm đeo bên mình.
Lửa sàn nét chữ chên chênh,
Nếp thư đến rách chưa lành vết thương.
Đằm đằm hoa sữa lên hương,
Chân anh vẫn bước trên đường cái đây.
Nẻo hồ, song cửa lá bay,
Sáng chưng bóng dáng bao ngày yêu xưa.

Trăm năm đã lỡ hẹn hò,
Cây đa bến cũ con đò còn không ?
Tình cờ gặp giữa phố đông,
Em đi ríu rít tay chồng tay con.
Nét cười âu yếm môi son,
Áo bay chắc buổi trăng tròn sánh vai ....

Chín năm bão tối mưa ngày,
Nước non để có hôm nay sáng trời.
Em đi hạnh phúc hồng tươi,
Anh nhìn tận mắt cuộc đời đẹp sao !
Sắc hương muôn nẻo tuôn trào,
Tiếc mà chi giấc chiêm bao một mình.

Anh về viết lại thơ anh,
Để cho bến mát cây xanh đôi bờ,

Cho sông cho nước tự giờ
Chẳng còn lỡ chuyến con đò sang ngang,
Lứa đôi những bức thư vàng
Chẳng còn chữ chữ hàng hàng lệ rơi.
Chim hồng, chim nhạn, em ơi,
Trên nền gối cưới đời đời yêu nhau.

     (Báo Trăm hoa, Hà Nội, 9/2/1956)



Traduction par Đông Phong :

 

Se réveiller après le rêve

 

Après neuf années1 passées à brûler des torches pour éclairer la forêt,

De retour ici dans la lumière électrique, j’hésite à avancer.

Devant la vieille porte, le rideau en bambou continue de tintinnabuler,

Sur le coin du mur, séjourne encore la lune des printemps écoulés.

Les villages lointains, les petits bourgs, les cols escarpés,

Et ce vent qui vous dévêtit, hantent encore mes rêves à moitié terminés.

Je suis revenu, mais mon cœur reste attaché aux forêts et aux montagnes,

Et brusquement je pense à toi cette nuit dans les lumières de la capitale.

Troublé, je me rappelle notre ancienne histoire des années passées,

Quand nous nous rencontrâmes la dernière fois…dans une lettre à l’encre presque effacée.

Cette lettre qui dit : ‘‘C’en est fini de nous deux,

L’amour n’a pas trahi, mais ça tourne mal,

Nous espérions construire ensemble un destin digne des dieux,

Mais ma mère a déchiré en mille morceaux  notre oreiller nuptial…’’

La nuit au clair de lune, ou dans la lueur de l’aube éclairant les cols de montagne,

Je marchais, et la lettre portée intimement restait ma fidèle compagne.

Le feu en a bien altéré l’écriture,

Mais la lettre pliée et repliée, presque déchirée, n’adoucissait pas mes blessures.

Impassibles, les fleurs de lait2 exhalaient leur parfum,

Et jour après jour, mes pieds avançaient sur le grand chemin.

Aujourd’hui, près du lac, à ma fenêtre des feuilles s’envolent,

Et soudain s’illumine le souvenir des jours passés de nos amours folles.

Oh, nous avons raté notre promesse de cent ans3,

Le banian est-il encore sur le quai, et la barque y attend-elle encore les passants ?

Par hasard je t’ai rencontrée dans une rue bondée,

Très occupée avec ton mari et ta nombreuse portée,

Un sourire affectueux sur tes lèvres de vermeil rougies,

Dans une robe froufroutante de dame mure épanouie…

Neuf années de tempêtes et de pluies,

Par monts et par vaux, voilà enfin une matinée embellie.

Tu vis un bonheur de roses fleuri,

Et de mes yeux, je suis heureux de l’avoir vu !

Mille parfums coulent de toutes parts,

Inutile de me morfondre encore tout seul dans mon cauchemar.

Je rentre corriger mon poétique ouvrage,

Pour que les arbres reverdissent et rafraîchissent les deux rivages,

Pour que l’eau de la grande rivière

Ne loupe plus le passage de la batelière,

Pour que les amoureux dans leurs lettres pleines de charme

N’écrivent plus des lignes ressemblant aux coulées de larmes.

Oui, petite sœur, pour que les oies sauvages et les hirondelles4

Puissent sur l’oreiller nuptial vivre leurs amours éternelles.

 

(Publié dans Les cents fleurs, Hanoi, 9/2/1956)5

 

 

1. Ce poème étant publié en 1956, ces ‘‘neuf années’’ nous reportent à 1947, c’est-à-dire au début de la ‘‘Guerre d’Indochine’’ contre les Français.

2. Hoa sữa ou fleur de lait : arbre à fleurs rouge laiteux.

3. ‘‘Cent ans’’ : fidélité pour toute la durée d’une vie humaine.

4. Oie sauvage et hirondelle : symboles des voyageurs partis au loin.

5. Ce poème allégorique publié en 1956 dans Trăm hoa (Les cents fleurs) pendant le mouvement de contestation libertaire Nhân văn – Giai phẩm (Humanisme – Belles lettres) traduit toute l’amertume des anciens combattants nationalistes qui, après la victoire contre les Français, se sentaient trahis par la dictature du régime communiste du Nord Vietnam. Il ne figure pas dans la publication ‘‘officielle’’ récente Nguyễn Bính, Thơ và đời (Nguyễn Bính, Poésie et vie), Nhà xuất bản văn học, Hanoi, 2005.

 

 

(Extrait de Dông Phong, Des poètes de ma terre lointaine, Éditions Publibook, Paris, 2008)

 

 

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commentaires

M
<br /> <br /> Que d'émotion à lire ce troublant poème !<br /> <br /> <br /> Merci pour le partage<br /> <br /> <br /> amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Bonjour Marlou,<br /> <br /> <br /> Merci d'avoir apprécié ce terrible poème.<br /> <br /> <br /> Malheureusement, depuis 55 ans qu'il fut écrit, la démocratie et la liberté d'expression n'existent toujours pas là-bas.<br /> <br /> <br /> Bonne journée,<br /> <br /> <br /> Bien amicalement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />